Encadrement des loyers à Marseille : enjeux et perspectives

Alors que l’encadrement des loyers est devenu une réalité dans certaines villes françaises, la question se pose désormais pour Marseille. Face à la hausse des prix du marché locatif, cette mesure pourrait-elle être une solution pour les habitants de la cité phocéenne ? Cet article se propose d’explorer les enjeux et les perspectives liés à cette problématique.

Le contexte marseillais : un marché immobilier sous tension

La ville de Marseille connaît depuis plusieurs années une augmentation de ses loyers, notamment dans les quartiers prisés du centre-ville. Selon l’Observatoire local des loyers, le prix moyen au mètre carré a augmenté de 4% entre 2017 et 2020. Cette hausse s’explique en partie par la faible offre locative disponible et par le développement du tourisme, qui entraîne une multiplication des locations saisonnières type Airbnb.

Cette situation pèse sur le pouvoir d’achat des Marseillais, dont le revenu médian est inférieur à celui d’autres grandes agglomérations françaises. Selon l’Insee, près de 20% des habitants consacrent plus de 40% de leur revenu aux dépenses de logement. La question de l’encadrement des loyers apparaît donc comme une réponse possible à cette problématique.

L’encadrement des loyers : un dispositif déjà expérimenté en France

Le principe de l’encadrement des loyers est instauré par la loi ALUR de 2014, sous l’impulsion de la ministre du Logement de l’époque, Cécile Duflot. Le dispositif prévoit que dans certaines zones tendues, les loyers ne peuvent pas être fixés librement par les propriétaires, mais doivent respecter un plafond déterminé en fonction du niveau de référence établi localement.

Ce mécanisme a été expérimenté pour la première fois à Paris et à Lille, avant d’être étendu à d’autres villes françaises. Les résultats sont contrastés : si certains observateurs estiment que cela a contribué à freiner la hausse des loyers, d’autres soulignent que cela n’a pas empêché les prix de continuer à augmenter dans certaines zones très prisées.

Les enjeux et défis de l’encadrement des loyers à Marseille

Pour envisager la mise en place d’un encadrement des loyers à Marseille, il convient de prendre en compte plusieurs éléments. Tout d’abord, le marché immobilier marseillais est hétérogène : certains quartiers connaissent une forte pression locative et des loyers élevés, tandis que d’autres restent plus accessibles. Il serait donc nécessaire d’établir un découpage précis des zones concernées par le dispositif.

Un autre défi réside dans la nécessité de disposer de données fiables sur les niveaux de loyers pratiqués dans la ville. L’Observatoire local des loyers, créé en 2016, travaille actuellement à l’établissement d’un référentiel de prix pour les différentes zones de la cité phocéenne. Cette base de données, indispensable pour fixer des plafonds de loyers cohérents, devrait être disponible prochainement.

Enfin, la mise en place d’un encadrement des loyers nécessite un accompagnement et un contrôle efficaces de la part des pouvoirs publics. Le dispositif doit en effet être appliqué par les propriétaires bailleurs et les professionnels de l’immobilier (agences, administrateurs de biens), qui devront respecter les plafonds fixés sous peine de sanctions.

Les perspectives : vers une généralisation du dispositif en France ?

L’encadrement des loyers à Marseille pourrait s’inscrire dans une dynamique nationale visant à étendre le dispositif à d’autres villes françaises. En effet, plusieurs agglomérations connaissent des tensions similaires sur leur marché immobilier et pourraient être tentées d’adopter cette mesure.

Toutefois, il est important de souligner que l’encadrement des loyers ne constitue pas une solution miracle face à la crise du logement. D’autres leviers doivent être actionnés pour favoriser l’accès à un logement abordable et de qualité : développement du parc social, soutien à la construction neuve, rénovation du parc existant, etc.

Dans ce contexte, l’encadrement des loyers apparaît comme un outil parmi d’autres pour réguler le marché locatif et protéger les locataires. La question de son déploiement à Marseille, ainsi que dans d’autres villes françaises, mérite en tout cas d’être posée et débattue.

Pour reprendre les mots de Cécile Duflot lors de la présentation de la loi ALUR en 2014 : « L’encadrement des loyers n’est pas une fin en soi, mais un moyen pour permettre à chacun de se loger dignement et à un coût raisonnable« . Une ambition qui reste plus que jamais d’actualité aujourd’hui.

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